L'hiver à la campagne
Durant l’hiver, hormis quelques travaux plus ou moins imposés (l'affouage, la distillation), les agriculteurs se livrent à d'autres occupations comme la réparation de matelas, la fabrication de sabots, le tressage de paniers, le débourrage du maïs, tout ceci en fonction des compétences de chacun. D’autres louent leurs bras dans des entreprises de maçonnerie. C’est aussi la période d'extraction de la pierre.
Pendant leurs affouages ils récupèrent des brindilles de bouleaux et confectionnent des balais pour les étables et les cours. Le soir, c’est la veillée et des rencontres ont lieu entre familles. On raconte des histoires anciennes. Les hommes jouent aux cartes ou bien discutent, les femmes tricotent des chandails, des chaussettes. Tous mangent des marrons grillés sur le poêle et boivent du vin chaud. Ces veillées ont disparu avec l'arrivée de la télévision.
Hiver 1955 - Bataille de boules de neige
A cette époque, la vie n’est pas au gaspillage. Tout ce qui peut être recyclé l’est. Il en est ainsi de la ficelle qui a servi à confectionner les gerbes avec la moissonneuse-lieuse ou les bottes de paille lors du battage. Ce lien est récupéré et réutilisé, le nœud est coupé et les brins sont torsadés entre eux en les croisant pour constituer un toron avec lequel des cordes de plusieurs grosseurs seront confectionnées. Pour ce faire, le matériel est installé dans une grange. La première partie est constituée d’un bâti possédant deux montants et de quatre manivelles dont les extrémités se terminent par un crochet. La seconde partie est un genre de chariot à deux roues avec une longue planche de traîne et équipé d’une manivelle pourvue d’un seul crochet. Celui-ci est placé face au bâti.
Le toron de récupération est passé dans le crochet d’une des quatre manivelles. Ensuite il est accroché à celle du chariot sans jamais être coupé. Il repart pour être mis sur le second crochet et ainsi de suite. L’opération est renouvelée autant de fois qu’il le faut. Le nombre de brins tendus détermine la grosseur de la corde. La distance qui sépare le bâti du chariot donne sa longueur. Les quatre manivelles sont actionnées manuellement en rotation en même temps dans le sens des aiguilles d'une montre à l'aide d'une planche percée de quatre trous.
Deux personnes entrent en action quand la torsion est jugée suffisante. La première place un outil équipé de deux poignées entre les deux, trois ou quatre brins nouvellement torsadés pour les maintenir séparés. Elle se déplace à reculons tandis que la deuxième, après être montée sur la planche du chariot, tourne la manivelle dans le sens des aiguilles d’une montre. Le chariot avance au fur et à mesure de la torsion c'est pourquoi il faut peu de poids dessus.
La rotation des quatre manivelles est maintenue pendant toute l’opération ce qui crée une opposition et permet aux brins de s’enrouler sur eux-mêmes. La corde est faite. Les extrémités sont ligaturées pour éviter qu’elles ne se défassent.