Les guerres, le monument aux morts, les cérémonies et les prisonniers
En 1826, des dommages de guerre sont encore demandés pour des faits de 1814.
Le 20 octobre 1870, le conseil vote une somme de 400 francs pour les onze gardes nationaux mobilisés.
En 1872 il statue sur des réquisitions allemandes de bétail de céréales. Par contre il refuse la demande d’indemnisation du fermier de Gremier suite à la réquisition d’un bœuf par les allemands car celui-ci l’a échangé contre une vache avec les occupants.
A la fin de cette même année, il sera porté au crédit de la commune le montant de mandats annulés, et qui avaient été établis pour l’occupation allemande.
Le 21 octobre 1914, en séance extraordinaire la commune décide de reverser au préfet tous les crédits accordés pour la célébration du 14 juillet. Ils seront plus utiles aux soldats combattants.
En 1917, la débitante demande une avance en argent pour le paiement du sucre qui est fait dans le cadre du ravitaillement. Les sommes seront prélevées sur les adductions d’eaux à la fin des hostilités. Le même mois, il est demandé au ministre de l’agriculture des quintaux de semences de pommes de terre à livrer en gare d’Aumont. Le remboursement sera fait après la récolte.
Après l’hécatombe de la première guerre mondiale, la Patrie honore ses héros. Brainans ne faillit pas à son devoir de mémoire en reconnaissance à ses treize enfants morts au champ d’honneur. L’implantation du monument au centre de la cour, rappelle aux jeunes écoliers le sacrifice de leurs aînés et l’esprit patriotique des poilus.
En voici la liste : Armand BREGAND, Léon MAÎTRE, Ernest GUERILLOT, Alfred DOUGNIER, Elie PETIT, Séraphin RAMBERT, Marcel MAURICE, Abel FAIVRE, Julien BREGAND (frère du précédent), Ernest MERVANS, Louis CAPT, Irénée ROMANET et Octave BRENIAUX. Ce dernier n’a pas été tué mais est mort de la grippe espagnole après l’armistice.
Monument de 1922 |
Monument actuel |
La liste ne s’est pas allongée, et c’est tant mieux, du fait de la présence de beaucoup de jeunes hommes du village ayant servi, soit comme appelés du contingent, soit comme volontaires ou professionnels, dans les unités de l’armée Française pendant les guerres dites coloniales.
La guerre de 1939–1945 n’a pas fait de victime. Toutefois, dix hommes faits prisonniers militaires sont envoyés en Allemagne : Marcel GAUTRONNET, X…GRABY, Georges BRENIAUX, Pierre AUBERT, Georges PETIT, Louis OLIVIER, Gustave et Louis MAÎTRE, Herman ANTOINE, Arthur MILLOUX. Le dernier cité, se trouve dans une ferme dans le nord de la France. Il s’évade une nuit pendant un orage violent. Le bâtiment s’est écroulé. Il prend ses habits et s’enfuit pour rejoindre Brainans. Des articles de journaux lui sont adressés, mentionnant que des prisonniers sont recherchés sous les décombres. Un seul habitant est déporté. Il s’agit d’André JACQUET, pris dans une rafle à Poligny.
Il existe quelques anecdotes sur les prisonniers. Herman ANTOINE se serait évadé et aurait traversé le Rhin à la nage. Repris, il est libéré en même temps que ses camarades. Il revient de captivité avec les pieds gelés.
Plusieurs prisonniers de Brainans, travaillent dans la même ferme. Un jour, ils sont envoyés semer de l’engrais dans un champ. Au lieu de le répandre correctement, ils l’étalent au même endroit. Ils pensent que leur captivité sera de courte durée. L’année suivante, ils sont toujours présents.
Militaires français prisonniers en Allemagne
Trois sont originaires de Brainans
Debout à gauche: Pierre AUBERT
1er rang, au centre: Louis OLIVIER, à droite: Georges BRENIAUX
Prisonniers en Poméranie
De gauche à droite, le 3e debout: Georges PETIT
Le village est en zone libre que les Allemands occupent en 1942. Ils arrivent par le chemin de la queue du bois, et traversent la localité. Une compagnie est cantonnée dans le château du Viseney. L’armée Allemande ne manifeste pas spécialement sa présence à Brainans. Certains se souviennent avoir vu un camion avec six soldats vérifier le pont sur l’Orain. D’autres en ont vu au moulin, regarder la roue à eau. Ou encore, deux qui se déplaçaient avec une voiture volée à des Français et qui sont venus boire du lait au chalet. Julienne BRENIAUX disait avoir reçu la visite d’un soldat qui voulait acheter du beurre et des œufs. Elle a refusé de lui en vendre. Son frère était prisonnier et il n’était pas le bienvenu.
Les troupes alliées ont emprunté le chemin inverse pris par les Allemands à leur entrée en zone libre. Georges BRENIAUX, rapatrié pour cause de maladie grave, a fait un séjour à l’hôpital Grange Blanche à Lyon. A son retour, il assure la circulation au carrefour du chemin de Vaccadieu et de Rabeur, pour diriger les véhicules Américains à la poursuite des occupants.
Le pont du Viseney est endommagé par les véhicules et les chars Américains. Il sera reconstruit. Un hôpital militaire est installé à Villerserine. Les Brainanais rendent visite aux blessés.
Marcel PAULIN, militaire de carrière et marié à Marie COUPET, participe au débarquement des troupes Françaises en Provence, puis il séjourne également en Allemagne.
A la fin du conflit, les communes peuvent employer des prisonniers de guerre allemands, sous leur responsabilité, avec obligation de les loger et de les nourrir. La municipalité obtient que 11 soldats de la caserne Bouffez de Lons-le-Saunier soient détachés dans le village. Ils sont logés dans la ferme de Claude BRENIAUX, parti gérer une ferme à Ruffey. Le garde-champêtre est chargé de les surveiller pendant leur travail dans les carrières du mont Saint-Barthélemy. C’est lui qui, matin et soir, ouvre et ferme les portes du local de détention. Après leur journée de travail, ils sont autorisés à se rendre chez les particuliers pour y effectuer des travaux divers : bêcher les jardins, fabriquer le bois... , sous la responsabilité de l’employeur. C’est surtout pour améliorer leur ordinaire qu’ils le font. Si les conditions de vie sont toujours dures pour les Français, elles le sont encore plus pour les prisonniers. Bien sûr, ceux qui ont vécu cette période trouble et difficile, ne s’apitoient pas particulièrement sur leur sort. Chaque jour, des camions débâchés chargés de prisonniers allemands, font des trajets aller et retour entre Lons-le-Saunier et Mont-sous-Vaudrey où ils sont employés. En fin d’après-midi, les jeunes vont sur le mont et regardent le retour de ces véhicules qui s’arrêtent près d’un champ au lieudit « la Verne ». Ses occupants descendent et dérobent des choux-raves pour améliorer leur ordinaire.
Un prénommé Joseph père de famille de nationalité autrichienne est heureux de travailler dans une ferme. Le chef de famille a fait la guerre de 1914-1918 et a même été décoré à Poligny dans les années soixante pour un acte exceptionnel. Il a reçu un 11 novembre la « médaille de Verdun ». Un jour Joseph rentre le bois, aidé par le jeune de la maison. Ils jettent les bûches dans le grenier depuis une charrette. Quelques morceaux tombent au pied du mur. Le garçon descend pour les ramasser. A ce moment là, Joseph manque son lancer et le jeune homme reçoit le bois sur la tête. Joseph affolé saute de la charrette pour lui porter secours et répète « nicht kaput, nicht kaput ». Il est content son compagnon est indemne. Quelle aurait été la réaction des habitants apprenant qu’un prisonnier allemand avait blessé un enfant du village ? Les prisonniers sont restés environ trois années.
Aucun fait marquant de résistance n’a eu lieu à Brainans. Cette période n’était pas propice à la révélation d’actes de résistance. Certains agissent clandestinement à l’insu de tous. Le jour, ils travaillent normalement dans les champs malgré le manque de sommeil et la nuit ils apportent leur aide lors des parachutages. Le produit des largages est emmené à Frontenay. Parmi ces personnes, on peut citer notamment Raoul BRENIAUX et Roger MOLIN. D’autres jeunes ont participé au maquis : Roger BRENIAUX, comme chef de section, Léon BRENIAUX, Elie BRENOT, Jules COUPET, Louis JACQUET, Louis MONCEAUX, Lucien THIBERT, Désiré TROSSAT (Renseignements personnels de Roger BRENIAUX). Par contre, les hommes du village sont allés à tour de rôle garder la voie ferrée, sans arme, pour prévenir les sabotages des maquisards.
Une plaque est apposée après la seconde guerre en mémoire de Georges BRENIAUX (fils de Claude Marie dit Vladimir), de son épouse Simone (fille de Justin Breniaux) et de leur fils Jean-Claude, victimes civiles de l’explosion du dépôt de munitions le 3 mai 1944 à Dole, au quartier Brack. Georges BRENIAUX était gardien de la paix au commissariat de Dole. Son nom figure sur la plaque commémorative de l’hôtel de police. D’après certains dires, il aurait été chargé de prévenir d'un incendie les habitants du quartier. Ils sont morts dans le bâtiment qui s’est effondré alors qu’ils quittaient leur appartement. La mère tenait dans ses bras leur enfant âgé de 2 ans ½. Un seul descendant de cette famille vit encore à l’heure actuelle. Il s’agit de leur fils Michel né en 1937. Son absence lui a sauvé la vie. Il venait de partir à l’école.
La guerre d’Indochine n’a pas connu l’envoi de soldats du contingent. Seuls les engagés et volontaires y sont allés. Plusieurs jeunes de la commune, militaires de carrière, ont participé à des combats sur ce théâtre d’opérations extérieures. Je citerai Roger BRENIAUX, Marcel MOLIN comme engagé deux ans suite à une déception amoureuse, Xavier GEILLON, gendarme. Son neveu Gabriel GEILLON, dont les grands-parents habitent Brainans, sera blessé deux fois au cours de cette guerre. Il terminera sa carrière en 1986 comme Général de Corps d’Armée (4 étoiles d’après l’annuaire de St Cyr ), inspecteur général de la Gendarmerie. Roger et Jean BRENIAUX, militaires de carrière comme que nombreux conscrits des années 1950 à 1960, vont servir en Algérie pour des périodes plus ou moins longues. Ils ne sont pas loquaces sur leur séjour algérien.
Ce chapitre ne peut pas être clos sans parler des rappelés en 1955. Bernard BRENIAUX et Daniel MILLOUX sont de ceux là. La guerre d’Algérie avait commencé le 1er novembre 1954 et le Maroc et la Tunisie s’agitaient. Il fallait augmenter les effectifs. Ceux qui avaient servi initialement en Afrique du Nord sont restés en métropole comme rappelés.
Les cérémonies au monument aux morts répondent à un rituel. Elles ont lieu pour la fête Nationale le 14 juillet et chaque 11 novembre en mémoire de l’armistice de 1918. La population et les sapeurs pompiers se rassemblent sur la place de la localité. Les enfants des écoles sont présents avec l’instituteur. Le cortège ne s’ébranle pas tant que Virginie PERNAUDET n’a pas rejoint le point de rassemblement. Son premier mari est mort de maladie. Son second Elie PETIT a été tué à la guerre en 1915. Une anecdote existe au sujet de cette femme : son troisième mari est venu courtiser la fille, il a marié la mère. Le départ est donné, les enfants marchent en tête et se placent face au monument, les habitants se répartissent derrière et sur les côtés. Les pompiers arrivent au pas cadencé. Ils se positionnent sur le côté gauche. Les enfants sous la direction du maître, entonnent « la Marseillaise ». Les pompiers sont au garde à vous et saluent. Le maire et les habitants sont silencieux et respectueux. Le pompier Désiré TROSSAT joue avec son clairon la sonnerie « Aux Morts ». Une minute de silence est faite puis le maire prononce un discours.
Comment se sont déroulées les cérémonies avant 1955 et après 1962 ? N’étant pas présent je ne peux témoigner !
Lors d’un voyage avec les pompiers, Virginie PERNAUDET s’est rendue au cimetière d’Hartmann dans les Vosges. Elle a constaté la présence d’une tombe surmontée d’une croix portant l’identité de son second mari Elie PETIT.
Le 4 novembre 1945 au second rang, 6 des 10 prisonniers et 1 déporté de Brainans.
4 sont absents: Marcel GAUTRONNET - Gustave et Louis MAÎTRE - Georges PETIT
De gauche à droite :
3e rang: Madeleine DUMONT - Marthe BRENIAUX - Michelle BOUSSAUD - Anne Marie BRENIAUX - Louise GRABY - Bernadette BRENIAUX - Huguette GEILLON - Madeleine BRENIAUX - Paulette BREGAND - Andrée BRENIAUX
2e rang: Georges BRENIAUX - André JACQUET (déporté) - Arthur MILLOUX - Louis OLIVIER - Herman ANTOINE - Pierre AUBERT - X GRABY 207?
1er rang: Louis BOUCHAUDY (mutilé 1914-1918) - Irénée MAITRE (le maire) - Virginie PERNAUDET (veuve de guerre)- Joseph PERNAUDET (son 3e mari) - M. GARNIER instituteur