L’église, la paroisse, le clocher, l’oratoire, l'horloge et les cloches

Une chapelle a certainement existé très tôt à Brainans. Elle aurait pu être édifiée par les moines bénédictins de Saint-Lothain. Comme cela a été dit précédemment, une Bulle du pape Pascal II (1099 – 1118) en date de l’An 1111, ou Innocent II plus tard, confirme la possession de l’église de « Brunens » à l’abbaye de Baume. A-t-elle été détruite ou s’est-elle écroulée ? Toujours est-il qu’une chapelle est construite en 1494 sur le mont Saint-Barthélemy.

Le village faisait partie de la paroisse de Colonne. C’est le curé de cette localité qui était désigné pour officier. Pour ses déplacements, il empruntait le chemin des « Rappes » et la rue Labet, possible déformation du nom avec « la rue de l’abbé ».

En 1833, le desservant recevait 200 francs annuellement.

La population augmente et l’église devient trop petite. En 1822, la décision est prise de construire une chapelle côté Sud. Elle est dédiée à Saint-Barthélemy. Le 9 octobre 1850, le conseil de fabrique (conseil paroissial) décide l’adjonction d’une seconde chapelle côté Nord. Elle est consacrée à la Vierge Marie. L’église a maintenant une forme de croix. Elle ouvre côté Ouest. L’autel est à l’Est et regarde vers Jérusalem. La quasi-totalité des édifices religieux est orientée de cette façon sauf l’église du Sacré Cœur dans le quartier de la Bedugue à Dole qui est inversée.

Un clocher est construit après 1787, puisqu’un devis en date du 12 avril de cette année chiffre sa réalisation. La construction est faite par des nommés OLIVIER, aïeux de Louis OLIVIER. En paiement, ils ont reçu une parcelle de terre de 20 ares au lieudit « le buisson Barté ». Les murs du clocher font 1,20 mètre d’épaisseur à hauteur d’homme.

L’église est la propriété de la commune. L’entretien extérieur est à sa charge tandis que celui de l’intérieur incombe à la paroisse. Aujourd’hui deux cloches de taille différente sont baptisées. Voici leur histoire.

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L'église et l'esplanade

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Le clocher

Le 10 mai 1839, la commune obtient un prêt demandé en 1838 pour la réparation de la cloche paroissiale. Elle est refondue en 1840. Le 30 mai 1897, il y aurait toujours une seule cloche. Celle-ci est fêlée depuis trois semaines. Il est demandé de la réparer. L’accord est donné le 1er octobre à un fondeur de Lyon pour effectuer la réparation.

Le 30 janvier 1898, lors de la réunion du conseil qui se déroule à 8 heures du matin, le curé de la paroisse demande des travaux dans le clocher pour la pose d’une seconde cloche. Il a satisfaction mais une condition est posée. Les deux cloches seront sonnées à tous les enterrements religieux et autres.

Des travaux d’entretien sont faits à l’église et au presbytère en 1863. En février 1879 un orage « impétueux » a endommagé la toiture de ces deux édifices. Des réparations s’imposent.

En 1882, la commune doit se prononcer sur la propriété des arbres en bordure du chemin emprunté depuis des temps « immémoriaux » par les prêtres. C’est une demande de la fabrique d’élargir cette voie. Il est décidé que ceux de droite appartiennent à la commune et ceux de gauche à la fabrique.

En 1883, le curé et le conseil de fabrique reçoivent l’autorisation d’extraire de la pierre. Cette décision faite suite à une prétention de la fabrique auprès du sous-préfet et une lettre de l’évêque de Saint-Claude.

Un socle surmonté d’une croix en fer forgé se trouve placé sur le cimetière juste en face du porche de l’église. Il semble qu’un monument identique soit présent dans d’autres communes. S’agit-il d’une croix de mission ou d’un symbole pour signaler qu’il s’agit d’un cimetière réservé aux catholiques ? L’inhumation de personnes de confessions différentes est-elle prohibée ?

Un oratoire avec une statue de la vierge et l’enfant a été édifié en 1872 à la demande de Claudine MAÎTRE. Une plaque porte l’inscription suivante « AVE MARIE - 40 Jours d’indulgence – Cet oratoire est dû à la piété de Claudine Maître ». Il a été restauré par la commune en 1996.

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L'oratoire (photo Beauvillars)

 

L’horloge est un don de Léon BRENIAUX dit le « parisien », entrepreneur de peinture. Elle sera installée entre 1910 et 1920. Quatre cadrans ornent les murs du clocher. L’un d’eux portera l’inscription « Don de Léon Breniaux ». L’heure et la demi-heure sont sonnées. Quel que soit leur emplacement sur le territoire de la commune, les habitants peuvent voir l’heure ou l’entendre. Elle a été électrifiée vers 1990 par l’entreprise PRÊTRE.

Le 30 octobre 1921, le conseil municipal accorde une concession perpétuelle aux donateurs de l’horloge.

En 1936, l’électricité remplace les bougies.

En 1907, la municipalité dit que l’exercice du culte est fait par le curé de Montholier sans changement. On peut supposer que la question est posée suite à la loi de 1905 de la séparation de l’église et de l’état.

La commune n’a pas de prêtre attitré. Cette situation existe avant la loi de 1905. Quelle était la raison de ce changement ? Le prêtre, qui dessert la paroisse est le curé de Bersaillin (Jura). Le catéchisme est fait dans un appartement inoccupé de la famille ANTOINE. Il se fera ensuite dans un local de l’école des filles. Au fil des années, le prêtre est secondé dans sa tâche par Mmes ANTOINE, Albertine FAIVRE, Adrienne DOUSSOT sans oublier Marie ROMANET pour la catéchèse. Il officie chaque dimanche à l’église. Ce n’est plus le cas depuis plusieurs années. Un regroupement de paroisses est fait en raison de la diminution du nombre de prêtres. Aujourd’hui la paroisse du Val d’Orain dépend de Poligny.

Des enterrements ont même lieu sans prêtre. Une équipe de laïcs assure la liturgie pour ces évènements.

Un certain protocole existait. Les familles louaient un banc à l’année. De chaque côté de l’autel, des bancs adossés aux murs et de deux niveaux sont occupés par des habitués (membres du conseil paroissial) et la partie basse par les enfants de chœur. Un nommé Eloi COUPET, vêtu d’un complet noir et coiffé d’un chapeau de même couleur, occupait systématiquement l’extrémité du banc côté sacristie. Parfois on aurait pu penser qu’il somnolait. En face, se tenait Robert ANTOINE ainsi que d’autres jeunes. La nef est séparée du chœur par une grille en fer forgé, légèrement en retrait sur une marche où viennent s’agenouiller les paroissiens pour recevoir la communion. Cette table de communion a été enlevée. L’harmonium, derrière lequel se trouve le banc des chantres se situe à droite. En face, la chaire est fixée au mur. Elle est aujourd’hui démontée. L’officiant y montait pour le sermon. Les filles et femmes de la chorale s’installaient à proximité des chantres et de l’harmonium. Les bancs réservés aux enfants sont à la verticale de la chaire. Gabriel ANTOINE a joué très longtemps de cet instrument de musique ainsi que ses frères. Sur un côté se trouve une petite chapelle dédiée à la Sainte Vierge. Une autre en vis-à-vis honore Saint Barthélemy, patron de la paroisse. Les fonts baptismaux sont à gauche en entrant dans la nef. On accède à la sacristie par une porte placée au fond du chœur à droite de l’autel. Une plaque de marbre avec le nom des tués de la première guerre est fixée contre l’arche de la chapelle de gauche. L’abbé QUATRE a été enterré dans celle- ci.

Les enfants de chœur sont au nombre de six. Quatre portent une aube rouge et un surplis blanc, répartis deux par deux de chaque côté de l’autel tandis que deux plus grands vêtus d’une aube blanche, lui font face. Ils assistent le prêtre pendant toute la cérémonie. Ils tournent le dos à l’assemblée.

Les communions sont célébrées à Brainans. La diminution de leur nombre oblige le regroupement des deux paroisses. En 1960, il y a 9 communiants et renouvelants pour les quatre villages de Brainans, Bersaillin, le Bouchaud et le Viseney.

Pour des cérémonies particulières, telles que les baptêmes et mariage, une boîte de dragées et une pièce de monnaie sont données aux enfants de choeur.

Les chemins de croix se déroulent à l’intérieur de l’église devant les quatorze stations relatant la passion de Jésus. Les dalles sont dures et froides surtout en short.

Pour la fête Dieu, une procession a lieu autour du cimetière. Ce jour là, des pétales de fleurs sont jetés sur le parcours. Dans les jardins, beaucoup de roses perdent leurs pétales pour les besoins de la cérémonie.

Le dimanche des Rameaux, les mères accrochent des gâteaux secs aux branches du rameau de buis qu’il faut ramener béni à la maison pour la protéger. Certains se souviennent que Virginie PERNAUDET agissait de la sorte quand ils passaient devant chez elle.

Pendant l’avent une crèche est installée sous la chaire.

L’offrande du pain béni est une tradition pour les familles. Chaque dimanche, une famille différente offre le pain. Cette tradition se serait arrêtée pendant la guerre de 1940-1945. Ceux qui n’avaient pas de four n’avaient que du pain noir. Elle a repris plus tard pour cesser un peu avant 1965 ou 1970. Quand le curé de Tourmont a remplacé le père BOICHUT, malade, cette offrande se faisait seulement pour les fêtes.

La maîtresse de maison dispose au fond d’une corbeille en osier avec une serviette blanche sur laquelle elle met le pain découpé en dés. Les coins du linge sont repliés sur le dessus. Au moment de la bénédiction, ils sont retirés et un membre de la famille se tient devant la corbeille ou se fait représenter. Puis la distribution a lieu parmi les fidèles.

La quête est aussi à la charge d’un enfant de chœur. Selon les dires de certains habitants, un curé a manifesté son mécontentement pendant son sermon concernant le montant dérisoire d’une quête en déclarant que c’était se moquer du prêtre.

Pour aller aux vêpres comme aux autres offices religieux, il faut soit emprunter un chemin carrossable, soit grimper par un sentier avec une rampe depuis la fromagerie, soit prendre un raccourci entre les vignes depuis le coin d’amont. A partir de cet itinéraire, une fois arrivé en haut, il faut encore traverser des communaux parsemés d’anciennes carrières remplies de buissons épineux. A la saison chaude, il est fréquent de rencontrer un serpent qui se dore au soleil ou s’enfuit à notre arrivée.

Pour les enterrements, le glas est sonné à la demande des familles deux ou trois fois. Un matin, un midi et un soir, ainsi que le jour des obsèques. La mise en mouvement se fait à l’aide de cordes. Aujourd’hui, l’automatisme a remplacé ce système.

Une règle est établie pour le décès d’un homme, la grosse cloche est mise en branle la première puis c’est la petite. C’est l’inverse pour une femme. Les habitants peuvent ainsi supputer sur l’identité du défunt. Le jour des obsèques, la sonnerie débute du départ du domicile jusqu’à l’arrivée à l’entrée au cimetière. Elle est renouvelée à la sortie du cercueil jusqu’à son dépôt près de sa future sépulture. Pour les convois funèbres venant de l’extérieur, les cloches sont mises en mouvement quand le véhicule funéraire arrive à l’entrée du village.

Avant l’emploi d’un véhicule automobile, c’est un corbillard noir tiré par un cheval qui est utilisé pour transporter le défunt. Compte tenu de la pente à gravir, le cheval ne peut marcher d’un pas régulier. En fonction de l’inclinaison, il accélère pour prendre de l’élan. Le cortège a des difficultés à suivre. Surtout les quatre personnes qui tiennent les cordons du drap mortuaire. L’hiver, l’ascension est difficile sur la chaussée enneigée ou verglacée. Elle l’est aussi pénible lors d’un été très chaud. Michel BOURGEOIS a très souvent effectué ce genre de transport avec sa Peugeot 403 break.

A l’issue de la cérémonie, les membres de la proche famille se placent à chaque sortie du cimetière et reçoivent les condoléances. Les personnes présentes font la queue. C’est un moment très douloureux. Pendant un an les hommes portent un crêpe noir au revers du col de veste ou un brassard. Les femmes sont vêtues de noir. Tout ceci a disparu.

Des aménagements intérieurs sont faits lors des dernières décennies du 20ième siècle ainsi que la rénovation extérieure du clocher. Sa mise en valeur est réalisée par un rejointoiement des pierres et un éclairage nocturne. Le mur du cimetière a également fait l’objet de réparations, on note que des travaux sont faits en 1837. Des murs sont crépis et l’entrée est modifiée par l’édification d’un mur de soutènement. L’accès se fait par l’esplanade. En 1920 des arbres sont coupés autour de l’église et de l’ancien presbytère. Ils empêchent de voir l’heure. La vente du bois se fait au profit de la commune.

Aujourd’hui un chauffage par air pulsé existe ainsi qu'une sonorisation. Un autel est installé et le prêtre fait face aux fidèles. Le tabernacle se trouve encore dans l’ancien autel doré. Le tableau concernant le martyre de Saint Barthélémy est restauré en 2010.