Le moulin 

Le moulin est très ancien, la généalogie nous indique la présence de meuniers dès le 16e siècle. Un canal a été creusé pour amener l’eau de la rivière l’Orain jusqu’à la roue à aubes. En plus de la farine on y produit du pain car il existait un four. L’existence d’un four banal ou communal n’est pas connue dans le village même, toutefois il faut noter que chaque habitation en était dotée. Ils ont quasiment tous été démolis aujourd’hui.

On ne connais pas vraiment l’histoire du moulin. Des DUMONT étaient meuniers à Brainans au 17e siècle et un dénommé Jean François BRENIAUX l’a exploité vers 1790.

D’après les dires de quelques habitants, Paul GAUTRONNET, boulanger de métier et très téméraire a occupé les lieux. Il s'est distingué pendant la seconde guerre mondiale en recouvrant les roues à bandages de sa charrette et les sabots de son cheval afin de les rendre silencieux pour partir la nuit acheter de la farine. Les Brainanais auraient toujours mangé du pain blanc pendant la guerre. Des jurassiens très éloignés (même des gendarmes en civil) venaient acheter des miches de pain blanc. Prisonnier de guerre, son fils Marcel reprend l’affaire à son retour et lui, il retourne dans sa ferme de « Monteclaire ». Différentes versions coexistent. Les restrictions ont perduré quelques années après la guerre et pour aider les habitants avant la période des « battoirs », Marcel GAUTRONNET avait installé une batteuse dans sa cour. Les cultivateurs pouvaient aller battre des gerbes de blé pour patienter. Le moulin de Brainans était plus avantageux que celui de Villerserine car on pouvait moudre le grain et également cuire du pain.

Les Brainanais ont donc pu manger du pain blanc pendant le guerre grâce au meunier du village mais aussi grâce à Gabriel BOIVIN, meunier de Villerserine, un très brave homme qui tamisait la mouture et redonnait donc de la farine blanche pour la fabrication du pain blanc et du son pour les animaux domestiques. Cette pratique était interdite, il y avait malgré tout une très longue file d’attente de voitures à bandages avec des chevaux devant le moulin. L’un et l’autre de ces personnages ont été inquiétés à la libération du fait de leur attitude et de leurs activités. Etait-ce justifié ?

Il est remplacé par les GROS, famille nombreuse venant de Courbouzon qui ne resta que quelques années. Un évènement fortuit serait à l’origine de la dégradation des relations de voisinage et provoque vraissemblablement leur départ.

Libres, les lieux sont repris par un ressortissant polonais nommé « KULAVINSKY » pour faire de l’élevage de porcs. Mais la chance n’est pas avec lui car ses animaux sont victimes de la peste porcine. Pendant cette épidémie on remarque une certaine réticence sur les foires quant à l’achat de bêtes élevées dans le village. Il quitte la région avec sa femme et son fils Robert. Adulte, ce dernier entre à la S.N.C.F.

A la fin des années 60, le moulin appartenait alors à Louis PORCHERON, Franc-Comtois d'origine, qui exerçait dans l'immobilier à Dijon. Il a fait de nombreux travaux de rénovation. Il entretenait de bonnes relations avec les gens du village dont la famille ANTOINE auprès de laquelle il se fournissait en vin.

En 1971 un arménien nommé KIZARDIAN rachète le moulin pour en faire une discothèque. Des transformations sont faites et une salle de spectacle est construite. Aujourd'hui cette salle dite « le Moulin de Brainans » est très renommée pour son acoustique. Pendant un certain temps elle a également hébergé un bowling. Reprise par la Communauté de communes du comté de Grimont elle est maintenant gérée par l’association Promodégel.

A la disparition du moulin en tant que tel, les habitants font appel à ceux de Villerserine exploité par la famille BOIVIN, du Viseney tenu par la famille JACQUOT et de Colonne par la famille BOICHOT. Cette dernière fabrique également du pain. Au cours de ses tournées, BOICHOT prend des sacs de grain et il rapporte la farine lors de son passage suivant. Il fait des miches de 2 kg, des pains de 1 kg et il a une particularité, il donne le bon poids, c'est-à-dire un morceau pour être sur de ne pas tromper son client.

Une tradition a longtemps existé. Le cultivateur recevait 1 kg de pain pour 1 kg de blé donné et ne réglait que le façonnage.