La fête patronale
Les distractions sont rares à la campagne. Le dimanche après-midi par beau temps, les hommes jouent aux quilles et les jeunes garçons vont sur le terrain de jeux. Ceux de Villerserine viennent et une rencontre de foot est improvisée quel que soit le nombre de joueurs. Ils sont répartis en deux équipes de force à peu près égale. L’hiver ce sont les parties de ping-pong dans les caves à fromage désaffectées.
Une fois par an a lieu la fête patronale. Le saint patron de la commune est St Barthélemy, il est fêté le 24 août.
Là encore existe une particularité. La fête du village se déroule le premier dimanche de mai. Elle a été décalée soi-disant parce que celle de Poligny était en même temps au mois d’août. N’y avait-il pas dans cette décision une petite rivalité politique ? Ce qui est certain c’est qu’en 1897 elle a lieu le 24 août (le dimanche qui suit) tandis qu’en 1923 elle se déroule le premier dimanche de mai.
A cette occasion, la coutume veut qu’au cours de la nuit les « saints » soient posés sur la porte des habitations par les conscrits. Le lendemain, ils relèvent les saints, celà se traduit par un passage dans toutes les familles et celles-ci leur offrent à boire et des gâteaux. Cette pratique est tombée en désuétude.
Les attractions ne sont pas nombreuses. Un bal monté s’installe sur le quiller à proximité du café et, dans la cour en face, un stand de tir à la carabine ainsi qu’un manège de « chevaux de bois » sont installés, un banc de confiseries se place à côté. Le manège et le banc appartiennent à DADAUX, épicier dans le village voisin de Bersaillin.
La fête est l’occasion de recevoir la famille. Les petits plats sont mis dans les grands et le repas est un festin. Le dimanche suivant a lieu ce qu'on appelle "le retour", il est moins important.
Les jeunes gens des villages voisins viennent au bal, il y a réciprocité et des mariages se font.
Les anciens disaient qu’autrefois ces rassemblements donnaient lieu à des bagarres avec les jeunes des alentours à qui il était reproché de venir prendre les filles. La sédentarité en était la cause.
L’emplacement de la fête foraine se déplacera avec la fermeture du café. Elle s’installera sur le parking de la fromagerie suffisamment grand pour l’implantation du bal. Le fromager n’avait plus accès à son garage pendant une semaine mais il y consentait. Les autres stands se mettent dans une cour de la propriété de Marius GEILLON et en bordure du chemin.
Les bagarreurs profitent de ces rassemblements pour se défouler. Coutumiers du fait, ils cherchent toujours querelle à un jeune homme paraissant plus faible, persuadés de n’en faire qu’une bouchée comme à l'habitude. Les faits se déroulent à l’extérieur.
Il arrive que le provoqué, un peu gringalet, garde son calme et invite son agresseur à sortir. Dehors, il donne une correction au provocateur qui, se retrouvant acculé contre un mur, ne peut faire qu’une chose, se protéger des coups qui pleuvent. La rixe ne dure que quelques minutes et le petit gars rentre dans lebaltout aussi calmement qu’il en est sorti. La leçon porte parfois ses fruits et le bagarreur s’assagit quelques temps.
La fête patronale n’existe plus. La voiture a rapproché les agglomérations. Les discothèques dites « boîte de nuit » sont apparues : GAUDILLAT à Colonne, DADAUX à Bersaillin et plus tard le "Moulin".