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Le château de Grimont |
La guerre de 10 ans (1635-1644) ravage la Comté. Une fois de plus pourrait-on dire, après les tentatives de Louis XI et d’Henri IV, entre autres, pour rattacher la Comté Franche au Royaume de France. La Comté est alors province espagnole et membre de ce grand ensemble du Saint Empire romain germanique.
Déclenchée par Louis XIII, cette nouvelle guerre voit les troupes du Duc de Longueville mises en échec devant Dole en 1636. Mais la retraite n’est que momentanée. Dès l’année suivante, 15 000 soldats toujours sous les ordres de Longueville attaquent simultanément par la Bresse et le Bugey. Les troupes comtoises, très inférieures en nombre connaissent défaite sur défaite.
Lons, Frontenay, Bletterans et Poligny
Le 27 juin 1637 les Français sont à Lons-le-Saunier, puis le 26 c’est le château de Frontenay qui est pris, suivi de la forteresse de Bletterans, le 5 septembre après une belle résistance. Les renforts attendus n’arrivant que trois jours plus tard… Prochain objectif, Poligny et la forteresse de Grimont. Un répit est « accordé » grâce à la maladie du Duc de Longueville. Mais ce n’est que partie remise et dès le printemps suivant, il revient à l’attaque avec 12 000 hommes et au début du mois de juin 1638 s’installe à Château-Chalon après être repassé par Bletterans.
La cible est de nouveau Poligny dont le sort dépend de la bataille qui opposera les Français aux Impériaux (Comtois, Lorrains et Espagnols) commandés par le capitaine général Charles IV, Duc de Lorraine. Ceux-ci, au nombre de 8000, venus par la montagne, s’installent le 18 juin entre Chamole et Chaussenans. Les envahisseurs se sont alignés entre Barretaine et Champvaux.
1 200 morts côté français, avant le siège de Poligny
Le 19, la bataille fait rage et les Français semblent prendre l’avantage malgré une forte résistance des Comtois qui ne lâchent rien. Mais la charge de cavalerie menée par le Duc de Lorraine en personne renverse la tendance, appuyée par les canons du château de Grimont. Les Français battent en retraite, laissant 1 200 morts sur le terrain.
Poligny se croit sauvé et fait chanter le Te Deum dans toutes les églises de la ville. Mais pour que la victoire soit complète, il aurait fallu poursuivre les troupes françaises en débandade pour les anéantir. Mais le Duc de Lorraine, inconstant, préféra repartir vers Salins. Seule lui importait la Lorraine…
Dès le 24 juin, Longueville, surpris de ne pas être poursuivis, réagit aussitôt et revient assiéger Poligny. Cinq jours plus tard la ville brûle, incendié par ses troupes.
Peut-être vient d’être gâchée une des dernières chances de mettre un terme à une guerre qui allait se poursuivre encore des années.
Philippe Bétry - Journal : Le Progrès - 28/10/2024