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Erreurs et imprécisions d'A. ROUSSET concernant Brainans
dans son ouvrage sur les communes du Jura édité en 1854 (II)
par François BRENIAUX (Massy-91)
(Texte original de Rousset en italique)
Brainans dépendait en toute justice, haute, moyenne et basse, de la prévôté de Colonne. Il y avait plusieurs fiefs tenus en franc alleu sur le territoire. Il y en avait un qui appartenait, en 1300, à Jean, dit Gelin, chevalier, de Poligny".
Brainans dépendait de la prévôté de Colonne depuis fort longtemps, mais il n'y a jamais eu mention de fiefs sur le territoire de Brainans, je pense que cette prétention tient son origine de la perplexité de Rousset face à de nombreux seigneurs de Brainans au XVIIIème siècle. Il est effectivement fait mention de Jean dit Gelin dans l'Histoire de la Seigneurie de Poligny de François Félix Chevalier, un des ouvrages de référence de Rousset, mais il est signalé plus comme propriétaire de biens dans ce territoire plus qu'en termes de détenteur de fief.
"La famille Masson en possédait un autre. Jean-François Masson, de Brainans, seigneur de Burgille, était conseiller au parlement de Besançon; Jean-Ignace Masson, de Brainans, son fils, docteur en théologie, doyen de l'église collégiale de Poligny, vivait en 1746."
La famille Masson, qui était établie à Poligny depuis plusieurs générations, ne possédait pas de fief à Brainans, mais elle a acquis en 1698 un tiers de la seigneurie de Brainans, au moment où le roi de France vendait des titres de seigneurie afin d'améliorer ses finances. En fait, il s'agissait de deux frères Jean Simon François seigneur de Burgille, dont la veuve mourra en 1785, et Jean-Ignace doyen de la Collégiale de Poligny de 1742 à 1747, date de sa mort.
"Une famille noble, qui avait reçu la mairie en fief héréditaire, portait le nom de ce village; ce fief passa à la maison de Grammont. En 1477, Antoine de Grammont se qualifiait de seigneur de ce lieu."
Il n'y a aucune trace d'une famille avec le nom du village dans l'abondante littérature sur les familles nobles des environs de Poligny ou sur le baillage de Dole, et je n'ai trouvé aucun document avéré concernant Antoine de Grammont, cette famille étant originaire du nord de la Haute-Saône.
"Le prieur de Saint-Lothain et l'abbesse de Saint-Jean-le-Grand d'Autun, possédaient le bois de Soupois, appelé aujourd'hui le bois de Brainans, qui contenait plus de 2000 journeaux. Un tiers appartenait au prieur et deux tiers à l'abbesse. Une partie de cette forêt fut défrichée en suite d'accensements consentis par l'abbé de Baume, aux droits du prieuré de Saint-Lothein dans le cours des années 1542 à 1563."
Le territoire des Soupois était constitué de terres et d'une forêt, certainement issus d'un défrichage. Les dates correspondent effectivement à des terriers recensant les accensements de ce territoire, mais nous avons la trace d'un document antérieur de 1450 aux archives de Mâcon avec déjà ce type d'accensements, le défrichage a donc été réalisé de façon très antérieure, peut-être au XIIème siècle.
"Les souverains de Franche-Comté, possesseurs de la Seigneurie de Colonne, firent des concessions importantes dans leurs forêts aux colons qui viendraient habiter cette terre, dépeuplée par la peste de 1349 et par les guerres de Louis XI, soit pour la construction des maisons et le chauffage, soit pour le parcours du bétail."
Les souverains ont clairement concédé des avantages aux habitants de la Terre de Colonne, que les rois de France après la chute de 1678 de la Comté de Bourgogne ont entrepris d'annuler, entraînant des procédures qui ont duré près de 50 ans.
"Le 24 octobre 1432, l'abbé de Baume accensa à noble Henri de Courchapon, écuyer, la place et le cours d'eau où avait existé autrefois un moulin, moyennant le cens de 70 sols estevenants."
Cette famille issue d'un village du Doubs a bénéficié de différents postes de l'administration sur Colonne à cette époque. En fait, l'accensement concerne le moulin de Brainans, il existe plusieurs parchemins aux archives du Jura qui concernent l'accensement du moulin entre 1431 et 1432.
"Le 16 mars 1553, l'abbé Guillaume de Poupet, seigneur de Saint-Lothein, accensa à la communauté de Brainans, 19 hectares de bois et broussailles dans la forêt de Boichat. Lors du rétablissement des salines de Montmorot, les officiers de la réformation s'en emparèrent, sous prétexte que portant le nom de Boichat, ce terrain dépendait du domaine du roi qui en possédait un autre à coté, ayant la même dénomination."
Le parchemin était présent encore en mairie en 1863, ce que nous relate un inventaire de cette époque présent aux Archives du Jura.
"M. le Marquis de Froissard, devenu propriétaire de la seigneurie de Bersaillin, au moyen de l'acquisition qu'il en fit de l'héritière de Louise de Ray, épouse de Philibert de Montmartin, et de Renée de Ray, épouse de François de Vergy, comte de Champlitte, posséda comme dépendance de ce fief un domaine de franc-alleu à Brainans et le moulin tenu précédemment par Henri de Courchapon".
Il n'y a jamais eu de fief proprement dit à Brainans, la famille Froissard de Bersaillin a acquis une partie de la seigneurie en 1699 des Habitants de Colonne, qui l'avaient acquise en 1697, ainsi que le moulin de Brainans en 1734, à l'abbaye de Baume les Messieurs en pleine tourmente, sachant qu'il n'a jamais été la propriété de Henri de Courchapon.